Les rêves rouges : Jean-François Chabas

product_9782070665587_195x320Lachlan, adolescent canadien de 14 ans, vit seul avec sa mère Flower Ikapo, une indienne Okanagan au caractère fort et intransigeant qui n’a pas hésité à rompre tout lien avec sa communauté quand elle était jeune fille et enceinte.

Lachlan a pour meilleure amie Daffodil Drooler, une fille de sa classe aux yeux mauves, à l’intelligence vive et qui ne peut s’empêcher de s’arracher les cheveux, les sourcils et les poils (elle souffre de trichotillomanie). Leur amitié est plus forte que les moqueries des élèves du collège et Lachlan est véritablement fasciné par la personnalité de Daffodil.

Un jour, celle-ci prétend avoir vu Ogopogo, le monstre des vieilles légendes indiennes qui hante le lac de Okanagan. Lachlan la croit et veut à son tour voir celui qui, comme le monstre du Loch Ness, fait fantasmer les habitants de la région. S’ensuivent alors des événements étranges qui vont perturber le quotidien de Lachlan et de sa mère, et aussi celui de toute la ville dans laquelle ils habitent : agressions, insultes racistes anonymes, violences familiales qui éclatent au grand jour… Les tensions s’exacerbent dans la chaleur accablante de l’été et Ogopogo semble être partout…

Les rêves rouges
est un roman qui happe le lecteur, le plongeant dans le mystère des légendes amérindiennes et les secrets jusque-là bien enfouis d’une petite ville.  A la fois roman fantastique et roman policier, Les rêves rouges nous réserve également des moments plus intimes. La relation entre Lachlan et sa mère est très forte et très belle, tous deux épris de liberté. Lachlan et Daffodil, en amis et amoureux débutants, sont extrêmement touchants. La jeune fille aux yeux mauves est en effet un magnifique personnage que nous offre Jean-François Chabas. On se souvient d’elle longtemps après avoir refermé le livre.

Les rêves rouges de Jean-François Chabas, éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto
Sortie le 10 avril 2015

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Des fourmis dans les jambes – petite biographie de Nicolas Bouvier : Ingrid Thobois et Géraldine Alibeu

fourmis_jambes_nicolas_bouvier_couv-270x228Un superbe album qui remporte le défi de raconter en quelques pages la vie entière de l’écrivain Nicolas Bouvier et ses voyages en Europe de l’Est, en Grèce, en Afghanistan, au Sri Lanka, au Japon… Un tour de force réalisé grâce à l’écriture fluide d’Ingrid Thobois et aux délicates illustrations de Géraldine Alibeu.

Ingrid Thobois, par petites touches, reconstitue le fabuleux destin de Nicolas Bouvier. Le petit garçon suisse né au Grand-Lancy, qui dessinait dans le beurre de ses tartines le cours des grands fleuves, va parcourir le monde à 23 ans, accompagné de son meilleur ami, Thierry Vernet. Tous deux, avides de rencontres et animés par les mêmes rêves, vont raconter leurs voyages et leurs fabuleuses découvertes : l’un en prenant des notes, qui deviendront des journaux et des poèmes, et l’autre en peignant et dessinant. De cette riche et intense amitié naîtra l’ouvrage L’Usage du monde.

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Ingrid Thobois restitue avec beaucoup de sensibilité et d’accessibilité (l’album peut s’adresser aux jeunes enfants) la vie aventureuse de Nicolas Bouvier, en montrant les joies et exaltations du voyage, mais aussi les moments de faiblesse et d’abattement. Etre loin de chez soi peut être douloureux.

Géraldine Alibeu capte parfaitement tous ces moments et ces émotions avec ses découpages et ses dessins aux aplats de couleurs différentes et aux détails et motifs variés. Elle accorde beaucoup de soin notamment aux motifs des vêtements des gens, qu’ils soient dans une gare en Europe, dans un restaurant au Pakistan, sur un marché au Japon…

Un album destiné à tous, tant les mots et les dessins sont beaux. Un livre qui démontre les richesses du voyage et de l’Ailleurs, et nous offre l’assurance que les rêves d’enfants peuvent se réaliser.

Voici quelques illustrations que l’on retrouve sur le site de l’éditeur La Joie de Lire :

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Sortie en 2015

Nuit de Printemps : Tarjei Vesaas

nuit-de-printemps-couv-fcb74Voici un texte inédit en France de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970) que nous font découvrir les éditions Cambourakis. Ce roman, publié en Norvège en 1954, c’est-à-dire avant Les Oiseaux (1957) et Palais de Glace (1963), que certains d’entre vous ont peut-être déjà lus, contient les thèmes chers à l’auteur : la communion avec la Nature, omniprésente, qui grouille, l’individu à la fois en quête des autres et en marge, l’enfance et ses rêves, la Vie à tout prix entremêlée à la mort, le Mystère et l’indicible…

Tout se passe en une nuit qui, en ce printemps très chaud, moite, sera décisive pour deux adolescents, un frère et une sœur, Hallstein et Sissel. Lui est encore dans l’enfance, elle, plus âgée, s’en éloigne et éprouve les troubles d’une vie de femme qui commence. Hallstein ne la comprend plus vraiment, s’agace quelquefois de ses grands airs et en est peiné, est jaloux d’un garçon qui lui tourne autour… Alors, quand les parents partent pour un enterrement laissant leurs enfants seuls dans la grande maison pour une nuit, c’est l’occasion rêvée pour qu’Hallstein redevienne proche de sa sœur adorée et qu’à nouveau ils partagent rêves et jeux.

Mais leur intimité est brutalement perturbée par des inconnus frappant à la porte. Leur voiture est tombée en panne et dans cet endroit particulièrement isolé en pleine campagne, la maison est le seul refuge où passer la nuit. Une nuit de découvertes pour Hallstein, à la fois effrayante et burlesque, en tout cas initiatrice et qui le marquera profondément. Une nuit de tensions, de sensualité, qui exalte les êtres, les rapproche et aussi les éloigne. Les mots ne suffisent pas toujours pour communiquer avec les autres, il y a des gestes, des regards, des impressions. Tout ce qu’on tait mais que la nature environnante, grouillante de vie, révèle.

C’est très beau, délicat, drôle aussi… et que cette écriture est envoûtante ! Un moment magique de lecture. L’écriture de Tarjei Vesaas allie le mystère à l’humilité et nous fait entendre la voix de l’innocence et des âmes simples, celle d’Hallstein.

Nuit de Printemps, éd. Cambourakis coll. Litteratur
traduit du néo-norvégien par Jean-Baptiste Coursaud
Sortie le 23 septembre 2015