Coup de foudre absolu pour ce roman de Sigolène Vinson. Tous les ingrédients sont présents pour faire de ce livre un véritable compagnon de route : intelligence, humour, mise à distance, singularité et générosité. Nous suivons les dingues péripéties d’une femme qui avait pourtant décidé de se fermer au monde : tout ce qu’elle souhaitait, c’était de devenir un caillou. Mais l’inattendu s’invite et voici que sa vie s’emballe…
Je ne connaissais pas du tout Sigolène Vinson. Elle avait déjà écrit une auto fiction (J’ai déserté le pays de l’enfance, éd. Plon) et des romans policiers en tandem avec Philippe Kleinmann (Bistouri Blues et Double Hélice aux éditions Le Masque). J’ai eu envie de lire son livre quand je l’ai vu sur une table en librairie : l’histoire m’a plu, j’ai trouvé la couverture jolie et j’ai vu le logo des éditions Le Tripode dont j’affectionne particulièrement le catalogue, rassemblant des œuvres littéraires très singulières.
C’est donc intriguée que j’ai découvert les premières pages du Caillou. J’ai d’abord éprouvé un peu d’appréhension car le personnage n’est franchement pas d’emblée sympathique. Puis, ses propos d’ourse mal léchée m’ont amusée et je me suis beaucoup attachée à elle et à sa vision du monde. L’intrigue de plus commence vite et on devine que le rythme va aller crescendo. Sigolène Vinson a le talent de n’avoir pas « posé » son personnage en présentant d’abord des traits de son caractère, plutôt neurasthénique, ou des rituels de son morne quotidien. Cela aurait pu nous faire fuir ! C’est par le biais de ses souvenirs, qui entrecoupent l’action déjà en cours, que l’auteur va définir son personnage-caillou.
Enfermée, planquée dans son petit appartement parisien (elle ne peut pas, et ne veut pas, vivre, sa seule tentation c’est l’Ennui), notre héroïne fait la connaissance inattendue d’un de ses voisins, M. Bernard. Employé de l’Imprimerie Nationale à la retraite (il était assigné à la fonte des caractères), il se consacre aujourd’hui entièrement à la sculpture et s’est mis en tête de prendre sa voisine comme modèle (elle qui veut devenir caillou, cela tombe plutôt bien). Il meurt quelque temps après leur rencontre. Ressentant tout à coup un grand vide et désireuse de découvrir pourquoi il l’avait choisie et pourquoi il se rendait si régulièrement en Corse, elle sort de sa paralysie et s’achète un billet d’avion direction le sud de la Corse. Elle rencontre de « véritables Corses » (les portraits sont irrésistibles) et se retrouve dans la maison d’hôtes que fréquentait son cher voisin (une maison construite autour d’un rocher, tiens donc…)Elle trouve le secret de M. Bernard qui lui a légué un véritable cadeau pour qu’elle vive enfin, mais ce cadeau est très étonnant.
Je tairai la suite pour ne rien dévoiler et vous laisser goûter aux réjouissantes surprises de ce roman. Je me suis complètement plongée dans cet univers insolite, drôle, quelquefois vachard, mais aussi ouvert et solaire, en harmonie avec la nature vivifiante et odorante de cette Corse que découvre l’héroïne.
Lisez Le Caillou et offrez-le, partagez-le. Chacun(e) se reconnaîtra forcément dans ce personnage qui se protège en se coupant du monde, en se voulant aussi solide que la pierre et glissante comme un galet, et ne peut s’empêcher, quand même, d’aller vers les autres.
Publié aux éditions Le Tripode en mai 2015
J’aime particulièrement ta conclusion d’un positivisme qui fait du bien 🙂
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Merci pour ton retour. C’est vrai que c’est un livre qui m’a fait du bien, il est épatant, surprenant, vivant! A bientôt
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Un très beau souvenir de lecture pour moi aussi !
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Je suis ravie d’avoir ton avis merci ! « Le Caillou » j’y pense encore, c’est devenu un vrai compagnon. Le premier livre de Sigolène Vinson que je lisais ; je vais tâcher d’en lire un autre : « Courir après les ombres ». Je te dis à bientôt !
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