Regarde en haut ! Jin-Ho Jung

couverture

Jin-Ho Jung, auteur coréen, nous propose un très bel album sur le thème du handicap. Générosité, simplicité et inventivité graphiques s’accordent pour nous présenter Suji, une petite fille qui a perdu l’usage de ses jambes dans un accident de voiture. Coincée dans son appartement, elle ne voit le monde extérieur que d’en haut, penchée à sa fenêtre. Elle observe les gens qui marchent dans la rue et s’agitent comme des fourmis, ignorant qu’il y a une petite fille qui se sent bien seule. Un jour pourtant, un petit garçon va regarder en haut.

 

D’un trait épais, en noir et blanc, Jin-Ho Jung nous montre les étapes de cette rencontre. Le procédé est d’une extrême simplicité : sur la page de gauche, il y a la rue vue d’en haut avec ses quatre arbres, ses pavés et les passants ; sur la page de droite, il y a Suji à sa fenêtre dont on ne voit que le sommet du crâne, absorbée par ce qui se passe en bas. Au fil des pages, épousant le point de vue de Suji, nous lecteurs voyons des gens pressés, d’autres qui s’arrêtent pour discuter, des enfants jouer, des chiens se promener…Mais pas un ne lève la tête. Alors elle se met à crier : « Eh ! Je suis là !!! Est-ce que quelqu’un peut regarder en haut ? ! » Et cela marche ! Un petit garçon l’entend et lève les yeux vers elle. Enfin, nous voyons un visage ! Un p’tit bonhomme rigolo qui a le sourire et va aider Suji.

La solution pour qu’elle puisse mieux le voir : s’allonger dans la rue ; ainsi Suji le verra de la tête aux pieds ! Sur la page suivante, il est rejoint par une femme intriguée ( peut-être sa maman ) qui, une fois avertie, s’allonge elle aussi ! Et sur la page d’après, d’autres passants se joignent à eux ; hommes, femmes, enfants, et même un petit chien, offrent leur silhouette à voir à Suji et eux aussi l’interpellent, la voient beaucoup mieux : « Eh, oh ! On regarde tous en haut ! » Jusqu’à ce que Suji lève à son tour la tête et offre au lecteur son plus beau sourire.

La dernière page se pare alors de couleurs : celles de ballons accrochés à un vélo, le rose des fleurs des arbres qui s’avèrent des cerisiers, le vert d’une jeune pousse sur le rebord de la fenêtre de Suji, et le rose aux joues de la petite fille et de son nouvel ami qui, tous deux dans la rue, réunis, regardent vers nous.

J’ai adoré cet album, tout simple qui, avec douceur et ludisme, nous fait voir le monde dans toutes ses richesses et dimensions ! Le site Ricochet nous apprend, dans la fiche biographique de l’auteur, que « c’est durant son enfance qu’est née sa passion pour les livres, qui furent ses fidèles compagnons durant ses longs séjours à l’hôpital. » Combien sont précieux les livres pour s’élever, se nourrir et partager…

Sorti en septembre 2015 aux éditions Rue du Monde
Coll. « Coup de cœur d’ailleurs »

Adapté du coréen par Alain Serres

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