Diapason : Laëtitia Devernay

blog 002b« Un livre qui se déploie comme les ailes d’un oiseau, au rythme d’un petit chef d’orchestre perché sur de grands arbres », est-il indiqué sur la quatrième de couverture. Laëtitia Devernay en effet nous invite, avec ce magnifique livre leporello, à un formidable voyage à travers la musique, les arbres et le ciel. Des « feuilles-notes-oiseaux » se déploient gracilement au fil des pages, guidées par la baguette d’un chef d’orchestre bien inspiré. Sans paroles, cet album aux dessins réalisés à l’encre de Chine m’a enthousiasmée par sa légèreté, ses virevoltes, et ses correspondances entre musique et nature. Un réel enchantement graphique. Ce livre est singulier, fait de mélanges et d’associations réussis, au diapason. Tout sonne juste, comme une évidence. Tout est fluide et gracieux.

Il y a d’abord le format, qui interpelle et joue sur différents plans. L’album est très étroit, vertical. Sur la couverture très sobre, en noir et blanc, figurent des portées musicales horizontales et vierges : un appel au dépliage du livre et au remplissage du blanc des portées, pour l’instant silencieuses. On déplie donc le livre et sur la page de garde, les portées se sont remplies de jaune pâle et sont verticales. On tourne encore : les portées deviennent troncs d’arbres et d’autres rayures verticales s’avancent, celles du pantalon du chef d’orchestre. Celui-ci lève la tête vers le haut des arbres, et l’on voit maintenant les feuillages, touffus et serrés. Le décor est planté. Les couleurs sont minimales (noir, gris et jaune pâle, sur fond blanc), laissant libre cours à l’inspiration, aux possibles, et inspirant la délicatesse. On déplie encore une page, le leporello commence, et la musique avec. J’ai compté 30 pages qui, toutes dépliées, atteignent une longueur dépassant les 8m ! Cet album étroit, dont la couverture ne payait pas de mine, nous réserve bien des surprises !

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Le petit chef d’orchestre qui, courageusement, grimpe au sommet de l’arbre le plus haut, est un véritable magicien. De sa baguette, il fait s’envoler les feuilles, telles des oiseaux qui dans le ciel vont former des ballets étourdissants. Chaque arbre se dénude, au fil des pages et de l’inspiration musicale. Les feuilles-oiseaux se déploient en de savantes orchestrations. Laëtitia Devernay remplit fort habilement l’espace de chaque page, alternant les directions, les foisonnements et les blancs, comme autant de pauses musicales.

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On voit le mouvement, le rythme. On entend le silence, les crescendo. Aucune parole mais une densité musicale incroyable. C’est très, très beau.

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A explorer à tout prix le site de l’auteur, d’où sont issues les illustrations de l’article :

http://www.laetitiadevernay.fr/

 

A lire également l’article sur un autre des albums de Laëtitia Devernay : Bestiaire mécanique

Edité par La Joie de Lire
Publié en octobre 2010

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